Au début du Ve siècle environ,
apparaît le plus copieux et le
plus ancien sacramentaire; recueil
des textes de laMesse, de la
façon de célébrer, du bréviaire,
du Pontifical et des textes de
l’administration des sacrements:
c’est le sacramentaire léonien
dont la messe ancienne que
nous connaissons aujourd’hui
(ancienne messe avec les rubriques
de Jean XXIII) est assez
proche, ce qui est remarquable.
Enfait, le pape Léonn’avait ajouté
que deux choses dans la
deuxième partie du canon: à savoir
les formules «cette hostie
(ou victime) immaculée» ainsi
que «sacrifice saint». Puis viendront
les sacramentaires gélasien,
recueil de liturgie romaine
importé dans les Gaules, et grégorien,
du pape Grégoire 1er dit
le grand élu en 590 dont la plus
grande partie est bien sûr antérieure
au pontificat de ce pape.
Dans ce dernier sacramentaire
on trouve l’ancienne messe presqu’en
tous points telle qu’elle est
aujourd’hui, tandis que le canon
subit alors son dernier ajout jusqu’à
Jean XXIII (pape Roncalli,
mort à l’aube duConcileVatican
II) avec cette formule de la
prièreduhancigitur «Etdisposes
nos jours dans la paix».Ce sacramentaire
grégorien, avec la
messe qu’il contient, sera propagé
par la France qui l’avait déjà
fait pour le gélasien, grâce surtout
au concours très actif de
l’ordre bénédictin. Grégoire le
grand atteste d’ailleurs au
VIe siècle que ses innovations
dans la messe ne furent rien
d’autre qu’un retour aux plus pures
traditions romaines. Désormais,
seules vont se perfectionner
jusqu’au XIe siècle quelques
prières comme celles de l’offertoire
et de la communion. Il y a
bien eu des ajouts dans le haut
Moyen Age, mais il faudrait plutôt
parler d’évolution homogène
et de stabilisation. On parle
d’une «liturgie émigrant en pays
francs avant de revenir à Rome
revue et francisée». Ce qui fait
dire à l’abbé Claude Barthe:
«Ainsi, on peut estimer que le
missel d’avant leConcileVatican
II reproduit la messe romaine au
moins à l’époque de saint Grégoire
VII (1073-1085). Il est, à
d’infimes détails près le missel
publié par saint Pie V en 1570.»